Le moment des vendanges, une décision qui engage notre philosophie
À Chignin, le mois de septembre marque le retour d’un rituel fondateur : la vendange. C’est une période où la vigne livre son fruit, après une année d’attention patiente, d’observation minutieuse, de travail souvent discret. À ce moment précis, chaque domaine doit choisir : vendanger à la main ou à la machine ?
Dans notre cas, la réponse est claire depuis toujours : nous faisons le choix du geste humain. Non par tradition figée, mais parce que cette méthode correspond à tout ce que nous défendons. La vendange manuelle, pour nous, c’est plus que de la récolte. C’est un prolongement naturel de notre approche biologique et biodynamique. C’est un respect profond du raisin, du terroir et des hommes et femmes qui l’accompagnent.
Vendanger à la main, c’est d’abord faire confiance à l’œil et au toucher humains. Le vendangeur ne suit pas une cadence imposée par une machine. Il s’adapte à la maturité du fruit, à la particularité de chaque rang, à la lumière du matin ou à l’humidité de la veille. Cette flexibilité permet de récolter uniquement les grappes parfaitement mûres, en écartant celles qui sont abîmées, trop vertes ou trop exposées.
Le raisin ainsi cueilli arrive au chai dans un état optimal. Les baies sont intactes, non écrasées, donc non oxydées. Cela nous permet de travailler un jus plus pur, plus expressif, dès les premières étapes de la vinification. Le vin qui en résulte est plus net, plus précis, plus fidèle à ce que la vigne a voulu dire.
L’impact invisible mais fondamental sur le vin
Ce que nous recherchons dans nos vins, c’est de refléter le paysage qui les a vus naître. À Chignin, ce paysage est complexe : des sols calcaires, des pentes abruptes, un climat alpin, des variations subtiles entre les parcelles. Pour que cette richesse se retrouve dans la bouteille, il faut que le raisin arrive au chai dans un état irréprochable.
La vendange manuelle permet cette précision. Chaque grappe est cueillie dans un sceau, puis déposée dans un bac sans tassement , puis transportée sans hâte. Rien n’est brusqué, battu, compressé. Les baies arrivent intactes au chai. Tout est respecté. Ce soin donné à la matière première permet d’intervenir de manière que très modérée lors des vinifications : les arômes sont plus définis, les textures plus élégantes, l’équilibre plus naturel.
Le revers de la médaille quand la machine prend le relais
Face à la vendange manuelle, la vendange mécanique a longtemps séduit pour sa rapidité et son coût. Elle permet de récolter de grandes surfaces en peu de temps, ce qui peut s’avérer crucial dans des régions sujettes aux pluies d’automne ou aux pressions sanitaires. Mais elle a un prix : celui de la qualité et de la précision finale du vin.
La machine secoue les ceps, fait tomber les baies sans distinction. Fruits mûrs, immatures, feuilles, petits insectes : tout est récolté ensemble. Les baies éclatées commencent à fermenter dans la benne. À l’arrivée au chai, on travaille une matière déjà stressée, souvent oxydée, parfois déséquilibrée. Pour nous, ce compromis est trop grand.
Une démarche cohérente avec notre engagement biodynamique
Notre domaine est certifié en agriculture biologique, et en conversion biodynamique sous le label Demeter. Cela signifie que nous ne traitons pas nos vignes comme des lignes de production, mais comme des écosystèmes vivants. Dans ce contexte, faire passer une machine de plusieurs tonnes dans les rangs serait une incohérence totale.
La vendange manuelle, elle, respecte la vie du sol. Elle limite le tassement, ne dérange pas la microfaune, ne crée pas de vibrations inutiles. Elle permet aussi d’intervenir plus finement selon les parcelles, parfois même selon les pieds de vigne. C’est un travail lent, mais c’est justement dans cette lenteur que naît la précision.
Un moment d’humanité, au cœur de notre identité
Au-delà de l’aspect technique, les vendanges manuelles sont un moment profondément humain. Chaque année, une équipe se forme autour des rangs : des voisins, des amis, des passionnés, parfois même des voyageurs venus vivre cette expérience. On partage bien plus qu’un emploi saisonnier. Il y a des repas improvisés, des blagues, des silences aussi. Il y a du lien.
Ce lien entre les gens, entre la main et le fruit, entre la terre et la table, c’est cela que nous voulons transmettre à travers nos vins. Une authenticité invisible mais palpable. Une mémoire du geste qui donne de la profondeur à chaque gorgée.
Un investissement assumé dans la qualité et le sens
Certes, vendanger à la main prend du temps. Il faut organiser, former, loger, nourrir, coordonner. C’est plus complexe que de démarrer une machine. Mais ce temps est investi, pas perdu. Car il se retrouve dans le vin, dans l’émotion qu’il suscite, dans la confiance qu’il inspire.
Nous assumons pleinement ce choix. Il fait partie de notre engagement global : travailler moins mais mieux, produire peu mais juste, faire du vin non pas pour le marché, mais pour ceux qui cherchent du sens dans ce qu’ils boivent.
FAQ – Tout savoir sur notre choix de vendange manuelle
Pourquoi privilégier la vendange manuelle alors que la machine est plus rapide ?
La vitesse n’est pas notre priorité. Ce qui compte, c’est la qualité du raisin et le respect du terroir. La vendange manuelle permet une sélection précise des grappes, sans abîmer les baies ni brusquer la vigne. Le fruit arrive intact au chai, ce qui garantit des vins plus purs, expressifs et fidèles à leur origine.
La vendange manuelle change-t-elle vraiment le goût du vin ?
Oui, clairement. En vendangeant à la main, nous préservons l’intégrité du raisin, évitons l’oxydation et maîtrisons mieux la maturité. Cela se traduit par des arômes plus nets, une bouche plus équilibrée et une plus grande finesse dans les textures. C’est une différence que l’on ressent dès la première gorgée.
Est-ce que tous les domaines peuvent se permettre la vendange manuelle ?
Pas toujours. La vendange manuelle demande plus de main-d’œuvre, donc un investissement humain et financier important. Mais pour les domaines comme le nôtre, engagés dans une démarche artisanale et respectueuse de la nature, ce choix fait pleinement sens, même s’il est plus exigeant.
Peut-on visiter le domaine pendant les vendanges ?
Oui, avec plaisir ! Nous accueillons les visiteurs sur rendez-vous pendant la période des vendanges. C’est l’occasion de voir notre méthode de travail sur le terrain, de rencontrer l’équipe, et de mieux comprendre l’âme de nos vins.
Comment participe-t-on à la vendange au domaine ?
Chaque année, nous constituons une équipe de vendangeurs, mêlant habitués et nouveaux venus. Si vous souhaitez vivre l’expérience, n’hésitez pas à nous contacter via notre site chignin.com. Nous recherchons des personnes motivées, ponctuelles, et prêtes à vivre une belle aventure humaine et viticole.
Conclusion : Le vin est un langage, et le geste humain sa syntaxe
Chez nous, la vendange manuelle n’est pas une relique du passé. C’est un acte de modernité, un engagement fort envers la qualité, l’écologie, l’humain. C’est une manière de dire que le vin commence dans la vigne, avec la main, le regard, le cœur.
Chaque bouteille que vous ouvrez contient cette attention. Ce respect. Ce lien silencieux entre le fruit et le geste. Et nous espérons que vous le sentirez, vous aussi, à chaque dégustation.
🍇 Venez vivre les vendanges à Chignin
Envie de découvrir notre manière de vendanger ? Venez nous rencontrer pendant la récolte, participer à une journée dans les vignes, ou simplement échanger autour d’un verre.